Et si on jasait de Détroit? (jour 2)

18 août 2022

Et si on jasait de Détroit? (jour 2)

Détroit, c’est un peu comme la petite voisine pas trop recommandable. Celle qui nous intrigue et qu’on a envie de connaître, mais dont tout le monde nous met en garde. Pourtant, lorsque l’on prend la peine de l’apprivoiser, de la fréquenter un peu, on s’aperçoit qu’elle est d’agréable compagnie et pas tout à fait comme on l’imaginait!

Si vous pensiez que notre nuit en banlieue de Détroit allait être mouvementée, détrompez-vous. Je ne serais peut-être pas allée marcher dans les alentours à la noirceur, mais nous avons somme toute très bien dormi et je n’ai même pas eu besoin de mettre mes bouchons d’oreilles. Aucune sirène, aucun coup de feu… c’était presque décevant!

Je blague bien évidemment, mais le fait demeure que la ville de Détroit n’a vraiment pas bonne réputation. Détroit a connu ses belles années grâce à l’industrie automobile. C’est d’ailleurs à Detroit qu’Henry Ford a créé, en 1908, la première chaine de fabrication pour son célèbre modèle T. Malheureusement, l’essor économique n’a pas duré, plusieurs crises ont frappé la ville, si bien qu’elle a dû déclarer faillite en 2013. Malgré les efforts pour redorer l’image de la municipalité, certains quartiers sont encore très chauds et freinent, à tort ou à raison, l’envie pour certains d’y séjourner. Mais pour être honnête avec vous, j’ai bien aimé Détroit et je m’y suis sentie en sécurité. Du moins au centre-ville.

Mais commençons, par le commencement…

Après un déjeuner très ordinaire, nous roulons les 20 minutes qui nous séparent du centre-ville de Détroit. Nous sommes lundi matin et nous nous attendons à avoir bien du trafic, mais ce n’est pas le cas. J’avais programmé le gps pour rejoindre directement le bureau des visiteurs, pensant qu’il y aurait peut-être quelques places de stationnement le temps de prendre tous nos renseignements. Non seulement il n’y a pas de parking, mais nous n’arrivons même pas à trouver ledit bureau.

Nous décidons donc de passer au plan B et de mettre le cap sur le MGM Grand Detroit, un hôtel/casino identique à ceux que l’on retrouve à Las Vegas. Le but de cet arrêt? Aller stationner la voiture gratuitement pour la journée! Conseil : Sachez qu’il est aussi possible de se garer sans frais au casino Greektown - les deux sont situés à égale distance du centre-ville. Ça vaut vraiment la peine de marcher un petit kilomètre pour sauver plusieurs dollars!

Une chose nous surprend dès nos premiers pas en dehors du casino, la ville est hyper tranquille. Presque déserte. Mais où sont les travailleurs? Les locaux? Même les itinérants sont absents… Il y a bien quelques personnes par-ci, par-là, mais on est loin de l’idée que je m’étais faite de Détroit. Remarquez, je ne m’en plains pas, j’ai l’impression d’avoir la ville pour nous seuls.

En se dirigeant à l’adresse que j’avais noté, on finit par comprendre que l’office de tourisme est situé dans une grande tour à bureaux. On pouvait bien ne pas l’avoir vu, il n’y a aucune affiche qui l’indique. L’agent de sécurité m’informe que je dois monter au 10 ème étage; tu parles d’une drôle d’idée pour un visitor center? Je monte et j’arrive devant un bureau vitré, mais fermé. La dame à la réception voit que je cherche quelque chose. Elle m’ouvre et me dit que si c’est pour une livraison je dois déposer les trucs sur la table devant l’ascenseur. Je lui réponds que je viens chercher des renseignements sur Détroit. Elle me regarde, analyse ce que je viens de lui dire et me dit : « Oh! Euh… c’est qu’on ne reçoit plus de visiteurs depuis la Covid… euh, attendez-moi ici deux minutes. » Elle ferme la porte et elle s’en va. Monsieur et moi on se regarde et on part à rire. C’est quoi, on est les premiers touristes à visiter la ville depuis mars 2020?

La dame, super gentille soit dit en passant, revient au bout d’un moment avec quelques dépliants et plusieurs suggestions pour occuper notre journée. Elle est adorable et semble vraiment contente de répondre à mes nombreuses questions. Sa première recommandation est de monter à bord du Detroit People Mover et de faire le parcours en entier afin d’avoir une vue d’ensemble du centre-ville. L’idée nous plait et ça tombe bien, car l’accès est gratuit jusqu’à la fin d’octobre! Nous traversons donc la rue pour rejoindre le centre des congrès, car c’est là que se trouve la station la plus près.

Le Detroit People Mover est un train en hauteur qui circule en continu entre 7h et 19h la semaine et 10h et 22h le samedi. Au total, il y a treize (13) stations qui forme une boucle autour du centre-ville. Il faut compter une vingtaine de minutes pour faire le tour au complet. C'est parfait pour vous déplacer d’un point à l’autre ou simplement prendre une petite pause à l’air climatisée tout en admirant le paysage.

Après avoir fait un premier tour d’orientation, nous décidons de nous arrêter à la station West Riverfront pour aller marcher sur le bord de l’eau. Le Detroit Riverwalk est une longue et belle promenade qui longe la rivière Détroit, frontière naturelle entre le Canada et les États-Unis. En marchant le long de la rive, nous avons d’ailleurs droit à une très belle vue sur la ville de Windsor. Monsieur et moi sommes même un peu surpris par la proximité des deux villes. On se dit que ça ne serait pas si difficile de traverser d’un pays à l’autre à la nage.

Me croirez-vous si je vous dis qu'il n'y a aucun filtre sur ces photos? C'est réellement la couleur de l'eau!

La balade est très agréable, mais la chaleur commence à se faire sentir… il fait soif! On décide donc de faire un arrêt au Renaissance Center, un ensemble de plusieurs gratte-ciel appartenant au groupe GM.

On s’y arrête le temps d’un café glacé et d’une brioche, et encore une fois nous sommes étonnés de constater comment les lieux sont déserts. C’est possiblement l’endroit où nous avons croisé le plus de gens, mais vu la grosseur de l'endroit, on n’en revient toujours pas! On apprendra plus tard en jasant avec une agente de sécurité, que la majorité des bureaux du complexe sont vides à cause de la pandémie. Les travailleurs ne sont toujours pas revenus au centre-ville, ce qui explique pourquoi c’est si calme partout. La station de train qui se trouve dans le Renaissance Center est même fermée, car les autorités veulent garder les gens en dehors du centre le plus possible, c’est vraiment étrange.

Bref, avant de poursuivre notre découverte de la ville, on décide de flâner un peu dans le complexe. On en profite pour regarder les voitures qui y sont exposées, mais surtout essayer de monter au restaurant Highland qui se situe au 71^ème étage. Le resto n’est pas encore ouvert et l’ascenseur qui y mène est aussi fermé. On décide donc de reprendre le People Mover pour aller visiter le quartier Greektown.

Le quartier Greektown, c’est en réalité un hôtel, un casino et plein de restaurants. Tout se passe sur la rue Monroe. C’est tout petit, mais c’est vraiment charmant! Même en plein jour, de la musique grecque résonne sur les trottoirs ce qui donne une ambiance vivante et fort agréable à ce secteur.

Je crois que c’est vraiment l’endroit par excellence pour manger à Détroit, mais le café glacé avalé un peu plus tôt nous a coupé l’appétit, on décide donc de poursuivre notre exploration admirant au passage les nombreuses murales et autres curiosités de la ville.

Je suis curieuse de voir de quoi aura l'air ce bâtiment une fois terminé!

Sans le vouloir, nos pas nous mènent jusqu’au Campus Martius Park, un bel espace aménagé où il fait bon relaxer. Ils y ont même installé une plage pour l’été, c’est parfait!

Détroit possède plusieurs beaux bâtiments datant de l’époque Art Déco, notamment le majestueux Guardian Building construit à la fin des années 20. Il abrite aujourd’hui une banque et plusieurs bureaux financiers, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme la cathédrale de la finance. Sachez qu’il est possible de participer à une visite guidée les samedis et dimanches, malheureusement ce n’était pas le cas lors de notre passage. Peu importe, si vous visitez Détroit, prenez quelques minutes pour pénétrer dans le hall principal. C’est à couper le souffle.

La journée avance et mes pieds me font souffrir. Je ne sais pas combien de kilomètres nous avons marché dans la ville, mais je n’en peux plus. J'avais prévu aller faire un tour Belle Isle State Park, mais on décide finalement de retourner à la voiture et de nous diriger lentement vers notre prochain point de chute. En quittant le stationnement, le gps fait des siennes et l’on manque notre sortie… En l’espace de deux coins de rues, on se retrouve dans le côté obscur de Détroit. Celui de notre imaginaire, dur et sans pitié. Celui où les maisons sont délabrées et les commerces abandonnés. Le genre de quartier où tu ne souhaites pas tomber en panne et qui fait la triste réputation de Détroit. On reprogramme en vitesse le gps et en quelques minutes nous rejoignons l’autoroute sains et saufs. (je blague!)

Ce soir, nous dormons au Days Inn by Wyndham Milan Sandusky South en Ohio. Chambre correcte, propre et personnel sympatique. Plusieurs options de restaurants à une dizaine de minutes de voiture sont disponibles. Nous optons pour le Longhorn Steakhouse et nous ne le regrettons pas. C’est délicieux et parfait pour remplir nos estomacs qui étaient rendus dans nos talons depuis un bon moment déjà!

Globalement, j’ai été agréablement surprise par Détroit. Bien que ce ne soit pas la plus jolie ville que j'ai visité, on sent bien la volonté des autorités à vouloir améliorer son image. J’ai apprécié sa taille humaine et le fait de pouvoir la découvrir facilement à la marche. J'ai aussi beaucoup aimé son architecture et son bord de l’eau. Selon moi, une journée est suffisante pour explorer le cœur de la ville, du moins pour nous ce l’était. Nous n’avons pas couru et nous avons vu tout ce que nous désirions voir.

Mais il y a beaucoup plus à faire à Détroit, plusieurs attraits très intéressants sont situés en dehors du centre-ville. Il y a entre autre le Greefield Village, connexe au musée Henry Ford, qui m’intéressait beaucoup. Mais honnêtement je n’avais pas prévu que nous resterions aussi longtemps au centre-ville et je trouvais que le temps restant était peu par rapport au prix élevé de l’entrée. Qui sait, peut-être y retournerons-nous un jour maintenant que nous savons que l’on peut visiter Détroit sans porter de gilet pare-balles! (je blague encore!)